Polluants, bruyants, stressants… les feux d’artifice, élément indispensable du Réveillon du Nouvel An, sont de plus en plus décriés. Va-t-on jusqu’à aller les interdire ? Alors que les feux d’artifice de Sydney ont été maintenus malgré une pétition d’envergure, dans certains pays, comme l’Allemagne et la Chine, les feux d’artifice, déjà très règlementés, sont en bonne voie d’être interdits.
Les feux d’artifice, source de stress et de pollution
Pas de réveillon du Nouvel An sans feux d’artifice : chaque année, le passage à la nouvelle année est célébré par des spectacles pyrotechniques à travers tous les continents. Et pourtant, cette tradition soulève de plus en plus de protestations.
Pour commencer, les feux d’artifice sont très polluants : en explosant, les fusées de feux d’artifice libèrent dans l’atmosphère toutes sortes de composés chimiques, comme le charbon, le soufre, le salpêtre, le perchlorate de potassium, le cuivre, ou encore le lithium. Ce sont des particules fines métalliques qui donnent les magnifiques couleurs des plus beaux feux d’artifice ! Un kilo de poudre noire de feux d’artifice libère 480 grammes de CO2 dans l’atmosphère, soit près de 15 tonnes pour un feu d’artifice d’envergure comme celui du 14 juillet. Pour vous donner une idée, cela représente la quantité de CO2 rejetée par une voiture parcourant 91 000 km. Aux États-Unis, des scientifiques ont mesuré la concentration de particules fines dans l’air durant les 24 heures suivant les feux d’artifices du 4 juillet, la fête nationale : résultat, une concentration plus élevée de 42 % !
La pollution n’est pas seulement atmosphérique, mais aussi sonore et visuelle. Les animaux de compagnie en sont les premiers affectés : les fortes détonations entrainent un stress aigu, et peuvent même causer des problèmes de surdité.
Enfin, les feux d’artifice sont dangereux pour l’homme aussi. En Allemagne, des centaines de personnes finissent aux urgences chaque année, pendant les feux d’artifice de la Saint-Sylvestre. En France, ce chiffre tourne autour de 50. À tel point que certains départements ont interdit les feux d’artifice du Réveillon, comme le Var, les Alpes-Maritimes ou la Picardie.
L’Allemagne boycotte les feux d’artifice
Cette année, des supermarchés (Rewe, Edeka) ont cessé de vendre des feux d’artifice en Allemagne, et certaines villes ont instauré des zones sans feu d’artifice, initiant ainsi un boycott des feux d’artifice du Réveillon. Et pour cause : selon l’agence fédérale de l’environnement UBA, les feux d’artifice du Nouvel An libèrent chaque année 5 000 tonnes de particules fines dans l’air, soit l’équivalent de deux mois de trafic routier.
Les feux d’artifice interdits en Chine
En Chine, la pollution atmosphérique est un véritable problème. Par conséquent, de nombreuses villes chinoises ont déjà interdit l’usage des feux d’artifice. En 2017, le feu d’artifice du Nouvel An avait contribué à créer un taux de particules fines 26x supérieur à celui que recommande l’OMS, motivant 444 villes à interdire les feux d’artifice. Aujourd’hui, 500 communes les interdisent, y compris Pékin et Hong-kong.
Les feux d’artifice maintenus en Australie malgré des protestations
En Australie, le feu d’artifice du Nouvel An à Sydney est une véritable institution et attire chaque année des dizaines de milliers de touristes venus spécialement pour l’occasion.
Cependant, une pétition a été signée par plus de 280 000 personnes cette année pour annuler le feu d’artifice, alors que des feux de forêt incontrôlables accompagnés de nuages toxiques ravagent l’État de Nouvelles-Galles du Sud. L’objectif étant de reverser les 5,8 millions de dollars australiens attribués au feu d’artifice du Nouvel An à la protection des forêts, leur reconstruction (plus de 3 millions d’hectares ont été détruits par les feux depuis septembre), et la prise en charge des animaux en danger.
Si Canberra a décidé d’annuler le feu d’artifice pour éviter d’attiser les feux, Sydney a décidé de maintenir son mythique spectacle pyrotechnique, créant la polémique : la température des derniers jours a dépassé les 40°C et les feux sont interdits dans tout l’État.
Des feux d’artifice pour la première fois à Riyad
A Riyad également, la décision d’organiser des feux d’artifice pour le Nouvel An pour la première fois va à contresens du mouvement global. Le prince Mohammed Ben Salmane a en effet décidé d’organiser les premières festivités du Nouvel An avec feux d’artifice dans le royaume wahhabite afin de moderniser l’image de son pays.